Jacques Chirac est mort.

Jacques Chirac est mort.

26. september 2019 0 Af connie

L’ancien Président Jacques Chirac est mort à l’âge de 86 ans.

Profil
Jacques Chirac, né en 1932, a été président de la République pendant deux mandats de 1995 à 2007.
Déjà à l’âge de 30 ans, Jacques Chirac devient ministre pour la première fois. Cinq ans plus tard, il est élu à l’Assemblée nationale. Il est nommé chef du gouvernement lorsque Valéry Giscard d’Estaing devient président en 1974, mais le désaccord sur la politique gouvernementale entre les deux hommes est vite apparu .
Chirac a démissionné de son poste en 1976, pour former son propre parti, le Parti gaulliste, le RPR. Aujourd’hui, on l’appelle les Républicains.
Pendant 20 ans, il a été maire de Paris.
Chirac s’est présenté aux élections présidentielles à plusieurs reprises , mais ce n’est qu’en 1995 qu’il a réussi à atteindre le sommet de l’État français : Président de la République.
Deux ans plus tard, il a fait une énorme erreur tactique : la dissolution de l’Assemblée nationale, en provoquant les élections législatives de 1997 pour obtenir une majorité plus forte à l’Assemblée nationale. Son parti a perdu, et pendant cinq ans, Chirac a dû vivre avec un gouvernement socialiste dans un mariage politique forcé – la cohabitation.
Tout au long de sa présidence, Chirac a été accusé d’avoir détourné de l’argent en tant que maire de Paris. Lorsqu’il est parti en 2007, une accusation formelle a été portée contre lui, mais diminué par la maladie il n’a pas assisté à son procès. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis. C’est une première dans l’histoire de la République.
Politique
Chirac a été élu président en 1995 sur une promesse de réduire la « fracture sociale », mais il a commencé son mandat en mettant en œuvre des réformes pour limiter les dépenses publiques . Cela l’a rendu impopulaire, et il a été politiquement affaibli lors des élections présidentielles en 2002.
Les élections ont tourné au cauchemar . Jean-Marie Le Pen de l’extrême droite est passé au second tour des élections. Mais il a été battu par Chirac au second tour, avec 82% des voix contre 18% pour Le Pen.
Pendant son second mandat, Chirac semblait fatigué. Par exemple, il est resté à l’arrière-plan lorsque la France a été frappée par les émeutes violentes en 2005. 10 000 voitures ont été incendiées .
Chirac a tenu la France à l’écart de la guerre en Irak en 2003, et les Français lui en ont été très reconnaissants .

Transcription de la vidéo - voir ici
Les Français n’en croyaient pas leurs yeux. Cet été 2011, Jacques Chirac est apparu épuisé, marchant avec peine, le regard vide, comme ailleurs. 40 ans plus tôt, Chirac, c’était une toute autre image. Tout avait commencé en Corrèze. Infatigable, bulldozer, et déjà sa marque de fabrique, proche des gens.
« « Tu t’fais pas de bile toi », réponse, « Non, je suis comme toi », puis un patois corrézien’…puis : « t’as un bon plaçou ? « Oui » = Tu as un bon emploi, une bonne place ?
L’agriculture tout au long de sa vie politique, ce sera sa référence.
…Au Salon de l’Agriculture. Un p’tit morceau de Reblochon ? « Ça n’a jamais tué personne ».
Jacques Chirac avait démarré en trombe : plusieurs fois secrétaire d’état sous Pompidou, il est nommé Premier ministre de Giscard à 42 ans. Les deux hommes ne s’entendent pas, Chirac s’estime maltraité, il claque la porte. « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd’hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre. »
Dès lors, Jacques Chirac travaille pour lui. Il se fait élire maire de Paris, et surtout il crée le RPR, objectif la présidentielle de 81.
« L’important, c’est la foi, la foi dans le progrès, la foi dans la justice, la foi dans la grandeur de la France. »
Mais le 10 mai 81, François Mitterrand est élu Président de la république
Aux législatives qui suivent, la gauche perd, Jacques Chirac est nommé premier ministre de la cohabitation par François Mitterrand. Un duel programmé entre les deux hommes pour 88, après un débat mémorable.
« Je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le Président de la république. Nous sommes deux candidats, vous me permettrez donc de vous appeler Monsieur Mitterrand ». « Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre ».
François Mitterrand est réélu. Jacques Chirac se replie alors à l’Hôtel de ville et confie à Edouard Balladur les clés d’une nouvelle cohabitation, mais en 95, surprise, l’ami de trente ans est candidat contre lui à l’Élysée. Mais c’est bien Jacques Chirac qui l’emporte le 16 mai, contre Lionel Jospin. La passation de pouvoir est émouvante, François Mitterrand accuse les stigmates de sa maladie. Le septennat s’annonce difficile. Les projets de réformes de la Sécurité Sociale et des retraites plongent la France dans les manifestations et les grèves.
« La priorité, c’est la réduction des déficits, et pour cela, il faut prendre des mesures qui peuvent être en contradiction avec ce que l’on veut faire plus tard. ». En 97, sur les conseils du Premier ministre, Dominique de Villepin, Jacques Chirac dissout l’Assemblée nationale.
La gauche l’emporte largement, Lionel Jospin est nommé à Matignon, et l’histoire se reproduit : en 2002 Lionel Jospin affronte Jacques Chirac. Et surprise, il se fait balayer par Jean Marie Le Pen. Et au second tour, Jacques Chirac, fort du vote républicain de la gauche est réélu. « Jacques Chirac est élu Président de la république avec 82,1% des voix »
La présidence de Jacques Chirac se marque aussi sur la scène internationale. Reprise des essais nucléaires à Mururoa contre les opinions publiques du monde entier.
Voyages comme premier VRP Voyageur Représentant Placier de la France, aux quatre coins du monde.
Coup d’éclat avec un clash à Jérusalem qui fait le tour du monde. « Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? je commence à en avoir assez ! »
Puis en anglais (traduit ici)
« Qu’est-ce que vous voulez ? Que je retourne à mon avion et rentre en France ? C’est ce que vous voulez ? Il n’y a pas de danger, il n’y a pas de problème, alors laissez-les passer, laissez-les faire ! Non, ce n’est pas une manière de faire. C’est une provocation. S’il vous plaît, arrêtez maintenant. »
Mais c’est le refus de la guerre en Irak au côté de Bush avec l’intervention de Dominique de Villepin à l’ONU, qui marque l’autorité de Jacques Chirac et remporte l’adhésion.
« La guerre, c’est toujours un constat d’échec, et la pire des solutions. »
En septembre 2005, le président de la république, indestructible aux yeux des Français, est victime d’un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). Quelques jours plus tard, il quitte l’hôpital et dédramatise aussitôt. « Je commençais à trouver le temps long, surtout à l’heure du déjeuner, que je suis très content, maintenant, d’aller prendre. » Et c’est ce que les Français ont toujours reconnu à Jacques Chirac : sa proximité avec les gens, et la défense de quelques grands idéaux.
Le premier, il avait reconnu la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, lors de la deuxième guerre mondiale ; « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été, chacun le sait secondée par des Français, secondée par l’État français. »
À Johannesburg, lors du sommet de l’environnement, c’est lui qui a tiré la sonnette d’alarme. « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. »
Défense des droits de l’homme, Jacques Chirac se fait aussi l’avocat des pays pauvres et plaide pour l’aide des plus riches à leurs développements.
Après ses 12 ans de présidence, l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, qui remonte à 90, rattrape Jacques Chirac. Son procès débute en mars 2011 sans lui. L’ancien président est désormais malade, et sa mémoire défaillante. Le 15 décembre, il est condamné à deux ans de prison avec sursis, pour détournements de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêt. Jacques Chirac confiera seulement à ses proches qu’il assume tout mais il revendiquera jusqu’au bout de s’être battu tout au long de sa vie pour l’Intérêt de la France.

L’allocution du Président Emmanuel Macron en hommage au Président Jacques Chirac.

Transcription de la vidéo - voir ici
Mes chers compatriotes,
C’est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que je m’adresse à vous ce soir.
Le Président Jacques Chirac nous a quittés ce matin.
Nous, Français, perdons un homme d’Etat que nous aimions autant qu’il nous aimait.

Plus de quarante années de vie politique avaient fait de Jacques Chirac un visage familier.
Et que nous partagions ou non ses idées, ses combats, nous nous reconnaissions tous en cet homme qui nous ressemblait et nous rassemblait .
En ce petit fils d’instituteur qui, haut fonctionnaire, parlementaire, ministre, Président de Conseil général de Corrèze, Premier ministre, maire de Paris et Président de la République, occupa les plus hautes fonctions dans notre pays sans jamais oublier ses racines .
En ce chef, qui sut représenter la Nation dans sa diversité et sa complexité.
En cet enfant de Corrèze qui était heureux en France, à Paris comme en province, dans l’hexagone comme dans les Outre-Mer .
Le Président Chirac incarna une certaine idée de la France.
Une France dont il a constamment veillé à l’unité, à la cohésion et qu’il a protégé courageusement contre les extrêmes et la haine .
Une France qui regarde son Histoire en face et dont il sut reconnaître , lors du discours du Vel d’Hiv , les responsabilités dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale. Comme il sut élever douze ans plus tard les Justes en exemple.
Une France indépendante et fière, capable de s’élever contre une intervention militaire injustifiée lorsqu’il refusa en 2003 l’invasion de l’Irak sans mandat des Nations Unies, lorsqu’il s’engagea pour mettre un terme aux guerres dans l’ex Yougoslavie, ou en lorsqu’il œuvra pour rétablir la paix et la sécurité au Liban.
Une France qui assume son rôle historique de conscience universelle.
Le Président Chirac incarna une certaine idée du monde.
En s’engageant pour une Europe des hommes plutôt qu’une Europe du marché , une Europe plus forte et plus protectrice , assise sur une amitié franco-allemande indéfectible .
En s’engageant pour le climat tôt. Car Jacques Chirac était habité par la conscience du temps long, cette conscience qui enseigne l’infinie fragilité de la vie. «Notre maison brûle » : ce cri d’alerte qu’il poussa pour inviter les dirigeants à agir pour la protection de l’environnement et contre le réchauffement climatique , ne fut pas seulement celui d’un chef d’Etat se hissant à la hauteur de l’Histoire. Mais celui d’un homme parmi les hommes, refusant de tout son être que soit menacée la pérennité de notre planète.
Le combat de sa vie, fut celui du respect des différences et du dialogue des cultures. A ses yeux, nul art supérieur aux autres. Mais des arts , des expressions sensibles de l’homme et de l’âme, qu’il faut également considérer, également promouvoir . C’est ce qu’il fit en initiant la création du musée qui porte aujourd’hui son nom, où des trésors des civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dialoguent par-delà les siècles.
Oui, une certaine idée de la France, une certaine idée du Monde, des échanges, des coopérations. Ce soir, le Président Chirac n’est pas seulement pleuré en France. Il l’est à travers l’Europe, je le sais aussi dans le beau continent d’Afrique qu’il aimait tant et dans le reste du monde.
Jacques Chirac était un grand Français.

Libre, épris de notre terre, pétri de notre histoire et amoureux taiseux de notre culture.
Lui qui attirait la sympathie de l’agriculteur et du capitaine d’industrie, lui qui prenait le temps d’échanger longuement avec l’ouvrier d’usine comme avec les plus grands artistes, aimait profondément les gens, dans toute leur diversité, quelques soient leurs convictions, leurs professions, leurs conditions.
Il aimait les Français pour les saluer , leur parler, leur sourire…les embrasser .
Les plus humbles , les plus fragiles , les plus faibles furent sa grande cause. Il ne cessa d’agir pour ceux qui, frappés par le SIDA , malades du cancer, touchés par le handicap, avaient été bousculés par la vie.
Pour Jacques Chirac, nulle hiérarchie entre les parcours , entre les histoires. Simplement des femmes et des hommes, des vies qui toutes méritent une attention égale, une affection égale.

Jacques Chirac était un destin français. S’engageant sur les terres familiales de Corrèze, porté par une ambition qui le conduisit à conquérir Paris, il a durant plusieurs décennies tout connu de la vie politique de notre pays. Ce furent des années de conquêtes , d’énergie, d’appétit et d’enthousiasme. Ce furent des succès et quelques échecs. Des fidélités et des déceptions . Si longtemps, nous n’avons osé l’aimer pour finalement concevoir pour lui un attachement affectueux, quasi filial .

Jacques Chirac eut aussi des drames intimes que sa pudeur toujours entoura de silence. Ce silence, dans lequel ces derniers mois il s’était réfugié. Aussi parce qu’il est des blessures dont un homme ne peut se remettre.
Son regard, les traits de son visage disaient encore un peu de lui à la famille et aux amis qui le visitaient. Mais, toujours, et je veux ici vous en porter témoignage de manière très personnelle, il portait en lui l’amour de la France et des Français.

Il y a près d’un quart de siècle, par votre choix, vous avez inscrit le destin de Jacques Chirac dans la lignée de ceux qui ont dirigé notre Pays. Il mit ses pas dans ceux du Général de Gaulle et du Président Pompidou qu’il aimait tant ; dans le respect de chacun de ses prédécesseurs ; le Président Valéry Giscard d’Estaing et le Président François Mitterrand pour lequel il sut trouver des mots lumineux lumineux lors de sa disparition .
Notre pays est fait de ces transmissions qui portent leur mystère et nous dépassent .
Nous avons pour Jacques Chirac ce soir de la reconnaissance. Il fit tant pour notre Nation, nos valeurs, la fraternité et la tolérance.
Il eut notre République chevillée au corps tout au long de sa vie.
Nous nous souvenons avec émotion et affection de sa liberté et de sa personnalité, de ce talent qu’il eut de réconcilier simplicité et grandeur, proximité et dignité, amour de la patrie et ouverture à l’universel.
Je veux en votre nom dire à Madame Chirac, notre amitié et notre respect, dire nos condoléances à sa fille, son petit-fils, sa famille et à tous ses amis et ses proches. Ils ont accompagné tant de ses combats et l’ont tant protégé.
Dès ce soir, l’Elysée restera ouvert afin que chacun puisse venir y écrire ses condoléances et témoigner son respect.
Lundi 30 septembre sera jour de deuil national et une cérémonie en l’honneur du Président Jacques Chirac se tiendra à midi.
Mes chers compatriotes,
Portons en nous désormais cette part de notre histoire qui l’accompagne, conscients de notre dette à son égard, forts de ce qu’il nous a légué .
Il entre dans l’Histoire et manquera à chacun d’entre nous désormais .
Merci.

La rafle du Vel’ d’Hiv est tristement connue. L’opération s’est déroulée dans la nuit du 16 juillet 1942. Les policiers français pénètrent de force chez les Juifs en plein sommeil et arrêtent les hommes, les femmes et les enfants. 13.000 Juifs sont conduits au Vélodrome d’Hiver à Paris où ils devaient attendre plusieurs jours, dans des conditions terribles avant d’être déportés dans des camps d’extermination.
Bien peu sont revenus.
En 1995, pour la première fois, un Président français, Jacques Chirac, assume la responsabilité des autorités françaises des crimes commis envers les Juifs français.
Jusqu’en 1995 les autorités françaises ont refusé de présenter des excuses aux juifs français.
Mais il y avait aussi des Français qui, au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs pendant la guerre. En 2007, le président Jacques Chirac a honoré ces femmes et ces hommes nommés “les Justes de France” à qui des milliers de Juifs doivent la vie.

Transcription de la vidéo - voir ici
… Je crois que Jacques Chirac était une figure très populaire, je crois qu’il a cherché à rassembler toujours, et c’est pour ça qu’il y a autant de monde.
…Jacques Chirac, c’est un peu l’homme politique de mon enfance, c’est grâce à lui que j’ai fait ma première manif, l’année où je passais mon Bac, et j’avais pas le droit de voter parce que je suis née juste avant le deuxième tour des élections et quand il y a eu Chirac / Le Pen au deuxième tour des présidentielles, on a tous séché les cours pour aller dire « Non » à Le Pen. « Allez Chirac »

…Il avait une prestance, il avait un charisme, que n’ont plus les présidents actuellement.