Couvre-feu – les villes s’endorment.
17h30 ce samedi 16 janvier 2021, une demi-heure avant le début du couvre-feu à Perpignan, le grincement d’un rideau tiré par un commerçant.
Les commerçants s’adaptent, mais ils ont les avis partagés sur le couvre-feu, avancé à 18 h.
« Nous fermerons à 18 h, mais si nous voyons que l’après-midi n’est pas rentable, nous n’ouvrirons que le matin », dit Laurent, qui est boulanger.
C’est le choix qu’a fait le boucher à côté, et il a mis en place un « drive ». Les clients commandent et paient en ligne et récupèrent leurs commandes devant le magasin le matin.
Deux coiffeuses, Marie-Pierre et Maryse, ont des avis partagés : fermer, rester ouvert. Elles attendront quelques jours pour voir. Il y a des employés.
Mais la majorité des commerçants tenteront d’ouvrir la journée avec fermeture à 18 h. Ils espèrent que les clients continueront à venir faire des courses.
Les rares personnes que l’on croise dans les rues sont stressées.
« Tout le monde commence à cavaler, c’est étrange », dit Luna. Elle regarde l’heure. Il est 17h55.
Deux adolescents de 16 ans traînent encore avec leurs amis. Ils profitent jusqu’à la dernière note de liberté de la journée.
« 18 heures, c’est lourd comme horaire. Aujourd’hui ça va parce qu’on a pu passer la journée en ville. Mais lundi, quand on va retourner en cours et qu’on n’en sortira pas avant 18 heures, on sait qu’on ne pourra même plus rester devant le lycée un petit moment avant de rentrer, soufflent deux copains.
À 18 h, les voitures sont effacées du paysage urbain. Tout comme la moindre trace de vie sur les trottoirs.
(L’Indépendant 17/01/2021)