Les gilets jaunes

La France, ébranlée par les « gilets jaunes »
Af Connie Pedersen
(Uddrag af Fransknyt forår/sommer 2019)

« Vous vous préoccupez de la fin du monde. Nous nous inquiétons de la fin du mois ». C’est avec ce slogan qu’a commencé l’histoire des « gilets jaunes » en novembre 2018.
Le Président et le gouvernement voulaient hausser la taxe des carburants pour limiter l’usage des voitures et la pollution des voitures, bref pour protéger l’environnement et ne pas vivre « la fin du monde ».
Mais pour les Français les plus modestes c’est « la fin du mois » qui les préoccupe. Ce sont des infirmières, des retraités, des garagistes, des coiffeuses, des routiers et des chômeurs qui vivent avec un salaire de 800 à 1500 euros ( 6-11.000 Kr. ) net par mois dans les régions rurales ou en périphérie des grandes villes. Ils ont besoin de leur voiture pour aller au travail, et avec une hausse de la taxe des carburants ils auraient encore plus de mal à boucler « la fin du mois ».
Alors ils se sont révoltés. Ils ont sorti leurs gilets de sécurité du coffre ou de la boîte à gants de leur voiture. Ils ont enfilé ces gilets jaune fluorescents et ils ont occupé les ronds-points partout en France. Pendant plusieurs semaines consécutives ils ont manifesté – à Paris, en province – contre la politique du Président. Souvent des casseurs sont entrés en action et la situation a dégénéré avec des dégâts matériels importants.
Une dizaine de personnes sont mortes en marge des manifestations, il y a eu des centaines de blessés, les forces de l’ordre ont effectué des interpellations à la chaîne, le pays a enregistré une perte de croissance et la crédibilité du Président a été sérieusement affaiblie.

« Les invisibles »
En France la protestation contre le pouvoir politique n’est pas chose nouvelle, mais ce mouvement de « gilets jaunes », personne ne l’a vu venir.
« Les gilets jaunes » étaient des gens ”invisibles” jusqu’à maintenant. Beaucoup d’entre eux ne votent pas, parce qu’ils sont déçus par les politiques, ils ne sont pas membre d’un syndicat, on ne les voit pas à la télé, et une grande partie vit seule, isolée. Se retrouver sur les ronds-points leur a permis de sortir de leur solitude et découvrir qu’ils partagent le même sort. Ils appartiennent à une classe moyenne qui se sent appauvrie. Ils ont l’impression que leur pouvoir d’achat ne cesse de baisser. C’est pourquoi ils ont continué les manifestations après que le gouvernement a annulé la taxe controversée. Ils demandent plus de pouvoir d’achat pour vivre et non seulement « survivre ».
Petit à petit, les revendications des « gilets jaunes » ont pris une tournure plus politique. Ils veulent davantage de démocratie participative sous la forme du RIC (référendum d’initiative citoyenne) et ils demandent la démission du président Emmanuel Macron.
Macron
Le Président est devenu l’ennemi numéro un des « gilets jaunes ». On réclame sa démission, et sur Facebook on fait circuler de fausses informations sur lui.
Les manifestants reprochent à Macron d’être le président des riches parce qu’il a supprimé la taxe sur les grandes fortunes, l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune). Ils se sentent blessés par ses paroles arrogantes, par exemple le président a dit à un jeune chômeur qu’il fallait seulement traverser la rue pour trouver un emploi dans un restaurant ou un café.
Pour restaurer le calme le Président s’est adressé à la Nation. Dans un discours télévisé, il a fait un mea culpa sur ses propos polémiques et il a annoncé plusieurs mesures immédiates pour améliorer le pouvoir d’achat, par exemple une hausse du SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) de 100 euros par mois. C’est un pas dans la bonne direction, mais pas assez, a été la réaction des « gilets jaunes ».
En plus, le Président a lancé un « grand débat » national de deux mois. Une initiative reçue avec beaucoup de scepticisme, mais le débat a été une succès.

Après sept mois de manifestations, les « gilets jaunes » se sont essoufflés. Il y a plusieurs explications à cet essoufflement.
Premièrement : les manifestants ont demandé plus de pouvoir d’achat, et le gouvernement a répondu positivement à cette demande par exemple en baissant les impôts pour les plus modestes.
Deuxièmement, les « black blocs » ont infiltré les manifestations qui sont devenues extrêmement violentes. Cette violence a terrifié les manifestants paisibles qui ont décidé de rester à la maison.
Enfin, les manifestants ont une vie privée, et ils ont envie d’en profiter au lieu de consacrer chaque samedi à manifester.
En plus, les « gilets jaunes » n’ont pas voulu s’unir à un personnage politique ou à un parti politique existant. Aux élections européennes de mai 2019, les partis « gilets jaunes » ont obtenu moins de 1 % des votes.